Alors que tu es enfermé et frappé par mes parents, je suis bien au chaud, dans mon lit dans une chambre confortable. Pourtant, je ne pense pas être mieux lotie que toi. Tu as mal, moi aussi. Je suis en train de me remettre doucement de la pneumonie qui m’a énormément fatigué et qui m’irrite aussi bien la gorge et les poumons tant je tousse. Tu as froid, moi aussi. Mais si c’est parce qu’il fait noir et humide là où tu es enfermé, personnellement je suis encore fièvreux et je dois avouer que je m’estime chanceux de ne être à moitié mort dans mon lit. Il faut croire que j’ai appris à relativiser à force d’être enfermé à longueur de journée. Pourtant, tout comme toi sans doute, je ressens une vive solitude également. Je ne vois personne. Mes parents ne m’approchent pas pour ne pas tomber malade et les domestiques ne restent pas longtemps à mes côtés. C’est à peine si on me laisse profiter de la vue par la fenêtre à cause de mon état de santé. Oui, parce que, tout comme toi, je suis également enfermé. Je ne sais pas pendant combien de temps cela va durer encore, mais j’ai bon espoir que ma guérison vienne bientôt puisque je sens plus de facilités pour respirer. C’est un signe, n’est-ce pas ?

Alors que je suis couché dans mes couvertures, j’entends des voix qui viennent de la pièce d’à côté. Des domestiques discutent entre eux sans se soucier de ma présence. De plus en plus on me traite comme étant inexistant ou trop mourant pour me soucier de ce genre de choses. Pourtant, ils ne cessent de me blesser en agissant de la sorte. Te rends-tu compte ? Je ne suis pas un de ces fantômes que tu chasses, ni un cadavre… encore moins une plante verte ! Pourtant on ne cesse de me traiter comme tel. N’as-tu pas de la chance de recevoir la visite de mes parents ? Ceux que je vois presque pas depuis que je suis alité… Toutefois, cette fois, je ne peux pas leur en vouloir puisqu’elles m’apprennent ton existence. Je ne sais pas si tu es un garçon ou une fille, ni même à quoi tu ressembles. Tout ce que j’apprends c’est qu’il y a un enfant un peu moins âgé que moi enfermé dans la cave dans laquelle les propriétaires des lieux vont régulièrement. Certainement pas pour te parler gentiment puisqu’il paraît qu’on t’entend parfois crier ou pleurer. Pourtant, je me sens heureux. Enfin ! Enfin tu es arrivé pour rester à mes côtés ! Si seulement tu savais combien je suis heureux de savoir que tu n’es pas loin et que nous pourrons enfin nous rencontrer très bientôt ! Au point que je ne peux m’empêcher de laisser quelques larmes mouiller mes tempes, ma position couchée ne leur permettant pas d’atteindre mes joues. Tout ce que je peux espérer désormais, c’est que tu ne me quitteras plus jamais. Prier serait-il utile ? Franchement j’en doute puisque Bouddha, ou je ne sais quelle autre divinité, refuse de me rendre plus résistant aux maladies malgré le nombre de prières que je lui offre. Tu te rends compte ? N’est-ce pas injuste ? Quoi qu’il en soit, j’ai grand hâte que le jour de notre rencontre arrive !


*** *** ***

Enfin le grand jour est arrivé !! Qui sait combien de temps s’est passé. J’ai tant dormi durant ma convalescence que je ne connais la saison que grâce à la couleur des arbres et au stade de floraison des fleurs. Mais j’imagine que, pour toi qui es enfermé dans cette cave sombre et humide, c’est pire, n’est-ce pas ? Ne t’en fais pas, j’arrive bientôt ! Actuellement, je m’apprête en m’habillant chaudement pour ne pas prendre froid pendant que je serais dans la même pièce que toi. Il serait idiot que je retombe malade aussitôt guéri ! Et, faisant cela, j’écoute les dernières recommandations de mes parents pour que tu puisses m’appartenir totalement.

T’ai-je fais mal ? Pourquoi ne bouges-tu pas ? Je suis certain de ne pas avoir tant de force que ça, surtout que je suis encore en convalescence. Alors pourquoi ne me regardes-tu pas ? Pourquoi pleures-tu ? J’ai moi aussi de pleurer parce que j’ai l’impression que tu me déteste autant que… lui. Ce garçon qui m’a dit que personne ne voulait me voir et que c’est pour cette raison que ses parents étaient payés pour qu’il passe du temps avec moi. Est-ce pareil pour toi ? Es-tu ici parce que tu ne veux pas me voir, ni essayer de passer un peu de temps avec moi ? Suis-je si horrible que ça à tes yeux ? A vos yeux à tous ? Pourtant, je n’ai rien fait de mal. Je demande juste à avoir un seul ami, une seule personne avec qui passer du temps régulièrement pour faire passer cette sombre solitude qui est la seule à m’accompagner. Ne peux-tu pas me comprendre juste un tout petit peu ? S’il te plaît… Je t’en prie… Regarde-moi juste une fois. Vois combien je suis triste et désespéré de devoir te taper parce que tu ne veux pas rester avec moi. Constate les efforts que je fais pour te mettre au moins à l’aise. Juste un tout petit peu. Si tu me laissais faire, je pourrais alors te donner à manger, t’aider à te laver ou même te sortir d’ici. Nous ne pourrons pas sortir de la maison parce que je tombe trop facilement malade, mais je suis certain que nous pouvons faire d’autres choses ! Aimes-tu lire ? Ou faire de la musique ? A moins que tu ne saches jouer à quelques jeux, comme le jeu de go par exemple ? Tu connais ? Personnellement j’en ai assez de faire des stratégies seul parce que personne ne peut être mon adversaire par manque de temps. Ou alors, discutons. Peut-être as-tu beaucoup de choses à me raconter si tu ne viens pas d’ici. Ne serait-ce pas amusant ?

Mon ultime effort réside dans ma propre présentation pour te donner l’exemple et t’encourager. J’aimerais vraiment te montrer que je n’ai pas de mauvaises intentions. Tout ce que je souhaite c’est que nous puissions être ensemble. Ni plus, ni moins. En plus de ça, je suis poli avec toi pour te montrer que si tu m’obéis, si tu es gentil avec moi, je pourrais te traiter en égal. Je ne pense pas que mes parents aimeront ça, mais je saurais les convaincre, ne t’en fais pas pour ça. Alors… Non… Mais… Pourquoi ?! Pourquoi ne réponds-tu pas à ma seule question… ?! C’est très gentil de ta part de t’inquiéter pour mon état de santé, mais j’espérais tellement que tu puisses discuter avec moi. Là, je me sens très frustré de ne pas avoir de réponse, mais très triste que tu me dises de te quitter. N’ai-je vraiment pas le droit d’être aimé par quelqu’un d’autre que mes parents ? Même le domestique me dit que je dois remonter, que ma mère ne sera pas contente si je fais une rechute. Je me lève doucement en baissant le regard parce que je n’ose plus croiser le tien. Pourtant, il me semble que tu as de jolis yeux. J’aimerais bien les découvrir à la lumière du jour. La lueur orangée de la lanterne n’est pas suffisante pour que je puisse en profiter. Me laisseras-tu un jour les découvrir ?



Ton silence me fait encore plus mal et je me retire à pas lents de la cave. C’est le domestique qui referme la porte derrière nous, te laissant ainsi seul dans le noir et le froid. Je voudrais tellement pouvoir faire plus pour toi sans que tu veuilles à ce point me quitter…

Dans les couloirs de la maison, je trouve ma mère qui me demande comment s’est passée ma rencontre avec toi. Je ne veux pas lui avouer que ça s’est mal passé, que tu m’as demandé de te laisser partir, mais je ne peux m'empêcher de pleurer doucement devant elle. Elle me prend alors dans ses bras pour me serrer contre elle avant de demander à une domestique de me ramener dans ma chambre. Je dois me reposer… Je ne veux pas rester au lit encore, mais je me sens fatigué donc je n’ai pas vraiment le choix. Et, quand je m’en vais, j’entends le domestique raconter à ma mère ce qu’il s’est passé dans les détails comme elle le lui a demandé. J’espère qu’elle ne te fera pas de mal. Je ne veux pas que tu aies mal parce que moi aussi ça m’a fait mal.


*** *** ***

Ça fait quelques jours que je ne t’ai pas vu. On ne m’a pas laissé descendre dans la cave parce que mes parents avaient peur pour ma santé. Je peux comprendre, mais ça m’énerve qu’on me refuse de te voir alors que tu es là pour moi. Ne t’ont-ils pas pris pour rester à mes côtés ? C’est donc avec une très grande impatience que je descends aujourd’hui, encore grandement couvert pour que personne n’ait quelque chose à y redire. Mais quand je te vois enfin, j’ai l’impression que quelque chose ne va pas. Tu as l’air complètement trempé. Que s’est-il passé ? Pourquoi te laisse-t-on ainsi ? Je m’approche alors de toi parce que je veux savoir pourquoi tu réagis si peu. Ta main est glacée, mais ton front est brûlant. J’ai l’impression que tu es comme moi pendant la majeure partie de ma vie. Je ne peux pas te laisser comme ça ! Alors, j’ordonne à ce qu’on te détache et qu’on te porte jusque dans une chambre libre. Je dois batailler pour que les domestiques m’écoutent, mais j’arrive finalement à les convaincre. Heureusement… Et, quand je croise d’autres domestiques, je donne d’autres ordres pour avoir des vêtements de rechange pour toi, de l’eau chaude pour une toilette, un repas chaud facile à digérer et qu’on appelle un médecin. Il m’est dit que je ne dois pas rester à tes côtés, mais je n’écoute personne. Je ne peux pas te laisser comme ça ! C’est pourquoi je suis assis en seiza à côté de toi qui est allongé sur un fûton.



Ma voix est douce, comme mon regard qui t’observe autant que possible et la main qui caresse doucement ton visage. Est-elle fraîche pour toi ? Est-ce que ça te fait du bien ? Ce serait vraiment génial si tu pouvais voir combien je ne veux que ta bonne santé et ta compagnie à mes côtés… Cela sera-t-il suffisant ? Ou mes parents ont-ils raison de penser qu’il faut te frapper pour que tu comprennes les choses correctement ? Les gens de dehors sont-ils vraiment mieux que moi ?

Je sais parfaitement ce que tu ressens maintenant, tu sais ? Même si je ne connais pas ton nom, même si tu ne veux pas rester avec moi pour le moment, je sais ce que tu vis avec ta fièvre. Je connais tellement ce sentiment d’impuissance alors que je ne peux pas quitter le lit, fatigué par la fièvre et la toux qui ne cesse de me secouer. Apparemment tu n’as pas encore cette dernière et j’aimerais éviter que tu l’aies. Alors je vais t’aider autant que je le peux avec l’aide des domestiques et du médecin. Je vais aussi t’aider à prendre soin de toi parce que tu n’as pas pu le faire pendant très longtemps. Tu as l’air si fragile… Est-ce que mes mots te touchent ? Tu les entends déjà, c’est un bon début. J’ai très peur que tu ne te relèves pas quand je te vois avec les yeux fermés. Heureusement qu’il n’y a pas de rouge qui t’entoure. Ça me rassure. Il y en avait tellement ce jour-là. Et j’avais beau l’appeler, il ne m’a jamais répondu. Malgré mes pleurs, mes cris, mes supplications ou mes menaces, il n’a jamais ouvert les yeux. Tu l’as fait et je doute que tu aies conscience combien je me sens soulagé de t’avoir vu le faire. Dis-moi, suis-je vraiment si horrible que ça ? Le penses-tu aussi ? Pourtant, je fais des efforts pour t’aider, te mettre à l’aise et te protéger. Je ne veux pas qu’on t’enlève à moi alors que tu es enfin à mes côtés. Cela fait longtemps que je n’ai eu vraiment personne avec qui parler. Peut-être tout autant de temps que je suis resté seul dans ma chambre alors que j’étais terrassé par la maladie. Est-ce trop de penser que tu es ma lumière dans la noirceur de ma solitude ? Et moi, que suis-je pour toi pour que tu pleures quand tu me vois ? J’aimerais penser que ces larmes sont à cause du fait que tu te sens faible, et non parce que tu m’as vu. A moins que ce ne soit à cause du soulagement… ? Es-tu soulagé de ne pas être seul ? Je le comprends tellement aussi…

Des domestiques viennent avec ce que j’ai demandé. Il ne manque plus que le médecin, mais je ne peux rien faire pour qu’il arrive plus vite. Je pense donc te mettre un peu plus à l’aise avec l’aide d’une personne restée pour m’aider, une femme à peine plus âgée que moi qui reste en retrait pour le moment. En vérifiant l’eau, je constate que mes consignes ont été respectées. Tu vas pouvoir être bien grâce à cela. Alors, délicatement, je prend un pan de ton bandeau blanc pour défaire délicatement le noeud. Je commence à peine à le ramener vers moi que je sens que tu m’attrapes soudainement le poignet. La domestique a un élan pour m’aider alors que je sursaute de surprise. Je ne m’attendais pas du tout à une telle réaction. Pourquoi as-tu fait ça ? Est-ce que…
T’entendre me supplier en me regardant et en me tenant la main qui tient ce morceau de tissu relativement blanc me fait mal. Tout comme tu m’as demandé de te laisser rentrer chez toi, maintenant tu me demandes de te laisser cette chose qui te rattache sans doute à quelque chose ou quelqu’un qui n’a rien à voir avec moi. Pourquoi ? Pourquoi es-tu si cruel avec moi ?! Pourquoi refuses-tu d’essayer ? Tout comme… Toi qui n’as pas voulu me donner ton nom. Toi qui veut me quitter sans vouloir me connaître. Toi qui veut me laisser seul alors qu’on t’a fait venir pour briser ma solitude… Te rends-tu compte à quel point tu me fais mal ? J’ai vraiment très envie de me débarrasser de cette chose pour laquelle tu me supplies malgré ton état de santé. Sans doute me dirait-on de le détruire définitivement sous tes yeux pour que tu n’aies plus rien qui t’amène à vouloir partir loin de moi. Mais, comme avec la claque, l’idée me met mal. Je ne veux pas que tu me détestes…



Ma voix est un peu étranglée par les émotions qui me serrent le cœur, mais je ne veux pas te les montrer. Mon regard est dans le tien alors que je ne sais pas encore quoi faire. J’attends ta réponse. Et tu me la donnes sans que je puisse la comprendre totalement. Finalement, ça te rattache bien à quelque chose qui n’a rien à voir avec moi. Devrais-je m’en débarrasser ? Non.



Mais je ne le fais pas pour que tu puisses penser à ta famille. Enfin… peut-être un peu puisque je ne te le cacherais pas. Seulement, je ne veux pas te voir le garder sur toi puisque, si je le vois de la même manière que tu l’as porté tout ce temps, je pourrais me mettre en colère et faire comme avec les autres parce que on m’a dit qu’il faut que je montre qui donne les ordres et qui obéit avec autant de force que nécessaire. Et puis, si je garde ça avec moi, si je t’empêche de le garder avec toi, alors peut-être resteras-tu pour le récupérer un jour puisque c’est quelque chose de très important pour toi. Et si je dis à mes parents que j’ai un moyen de te garder avec moi, ils ne se débarrasseront pas de toi. Ils ne t’enlèveront pas à moi.

Tes yeux se ferment à nouveau et tes doigts relâchent mon poignet. J’entends la domestique m’appeler, mais je ne l’écoute pas. Au lieu de ça, j’attache avec précaution en silence ce ruban autour de ce poignet que tu as tenu avec tant de force. Puis, silencieusement, je commence ta toilette. Gentiment. Précautionneusement. Entièrement. L’aide de la domestique qui respecte mon silence m’est très précieuse parce que je n’ai pas du tout la force de te porter et te laver en même temps. Ce qui est assez difficile pour m’occuper de ton dos. Il en est de même pour te vêtir de vêtements propres. Cela a pris un peu de temps, mais te voilà sans doute bien mieux que tu ne l’étais avant. Ai-je raison ? J’ai hâte que tu te réveilles à nouveau pour pouvoir profiter du repas qui t’a été préparé. Et pour que tu vois le médecin aussi. Je suis sûr que tu l’aimeras bien, parce que même s’il donne des médicaments qui n’ont pas bon goût, il est très gentil. Moi, de toute façon, je reste à côté de toi. Je ne veux pas te quitter parce que j’ai trop peur que tu disparaisse quand je ne te regarderai plus. C’est bête comme peur, pas vrai ?

Je peux entendre que le temps passe sans regarder autour de moi par le doux bruit de bambou creux tapant sur la pierre. Nous avons une fontaine calculant une demi-heure de temps dans le jardin, près de nos chambres. Je trouve que c’est apaisant de l’entendre. Autant que l’eau qui coule doucement. Et, malgré l’envie qu’ont mes parents de me tenir loin de tout, cela me permet de me rendre compte que tout n’est pas figé. Parce que, quand bien même je peux compter sur la routine de père et de mère pour me donner une idée de quand nous sommes le matin ou le soir, je n’ai pas vraiment de repère fixe durant la journée. Les repas pourraient en devenir un si je ne dormais pas autant, surtout quand je suis malade. Et encore, j’ai beau le prendre pour un repère, en réalité ce n’est pas la vérité puisque je n’ai aucun moyen de savoir combien de temps s’est passé quand je n’y faisais pas attention. Tout comme toi qui dort paisiblement à côté de moi, tu ne peux certainement pas l’entendre. N’est-ce pas ? Toutefois, ça m’aide à savoir si le médecin met longtemps à arriver ou à connaître la durée de ton sommeil. Si tu viens à me poser la question, ce sera bien plus facile de te répondre de cette manière. En attendant, je dois avouer que j’apprécie grandement t’observer, imprimer autant que possible les traits de ton visage dans ma mémoire pour ne jamais t’oublier. J’ai grand hâte de connaître ton nom, aussi. Ainsi nous pourrons officiellement nous appeler des amis.

Le médecin n’arrive toujours pas, ce qui m’inquiète un peu. Parce que même si seulement une demi-heure est passée, je sais qu’il n’a jamais mis autant de temps pour venir me voir quand j’étais malade. Pourquoi est-ce différent cette fois ? Je n’aime pas ça du tout et je demande à la domestique présente à mes côtés d’aller vérifier ce qu’il en est. Elle se lève alors et sort de la pièce en nous laissant seuls tous les deux, s’inclinant respectueusement. Je me sens un peu plus détendu maintenant que plus personne n’est là pour nous regarder. N’ai crainte, je ne te ferais rien. Déjà parce que tu es malade et endormi, mais aussi parce que tout ce que je souhaite pour le moment est de parler avec toi. Je doute que tu veuilles qu’il en soit autrement puisque nous ne sommes pas encore tout à fait amis. Et nous ne savons encore rien l’un de l’autre non plus. Peut-être qu’en jouant ensemble et en discutant en nous promenant, nous pourrons nous rapprocher un peu plus.



Si seulement tu savais à quel point j’en ai peur. C’est extrêmement difficile à décrire, mais j’ai vu tellement de visages venir pour ensuite s’en aller pour toujours que je me sens terrorisé à l’idée que tu fasses pareil. Pourtant, tu sais, je n’ai jamais tenté de faire du mal à toutes ces personnes. Je voulais juste que nous soyons amis…

Je n’ai pas vu tout de suite que tu t’es réveillé, je te demande pardon. J’étais plongé dans mes pensées. Je suis vraiment désolé de t’avoir laissé seul alors que tu sembles avoir peur. Je n’en connais pas la raison, mais comme tu sembles aller assez mal pour tomber de nouveau sur l’oreiller, je ne pense pas que ce soit une bonne idée de te demander maintenant.


Il ne faut pas que tu fasses des gestes brusques, mais je n’arrive pas à te le dire parce que j’ai l’impression que tu ne vas vraiment pas bien. Je vais attendre un peu avant de chercher à savoir la raison. Et regarder si ta fièvre a baissé un peu ! Pour ça, je pose doucement une main sur ton front et l’autre sur le mien. … Non, elle est toujours pareil… Que dois-je faire ? Je ne veux pas que tu restes malade, moi… Et le médecin n’est toujours pas là… C’est très inquiétant ! Mais ne t’en fais pas, ça ira ! Nous allons te soigner et tu pourras courir comme avant ! Et nous allons soigner tes blessures aussi !

Mes yeux croisent les tiens. Ils ont vraiment une couleur magnifique. J’ai l’impression de voir un magnifique ciel d’été rien qu’en restant attentif à toi. Je ne pensais pas que ce serait un jour possible. Merci de me permettre de vivre une telle expérience. Et merci de me sourire aussi. Comme on n’a pas réussi à se parler dans la cave, je pensais que tu ne voudrais pas le faire du tout. Je me trompais. Mais j’ai l’impression que tu n’es pas vraiment heureux. Est-ce que je me trompe ? Vas-tu encore me demander de te laisser partir ? Vais-je être obligé de te frapper à nouveau ? Ca ne se fait pas sur une personne malade, mais mes parents m’ont bien fait comprendre que je dois te faire comprendre que tu m’appartiens maintenant, et que pour cela il n’existe qu’une seule méthode. Oh ! Ta voix semble vraiment aller mal !



Je suis content de voir que tu sembles vraiment m’accepter maintenant. Mais je dois prendre soin de toi avant toute chose. Précautionneusement, je te sers de l’eau dans un gobelet finement décoré que je veux te donner. Mais en te voyant debout, je m’inquiète surtout de savoir comment tu te sens. Ca… a l’air d’aller ? Hein, dis-moi, tu vas bien ? Vraiment bien ? Tes yeux… j’ai l’impression que tu as envie de pleurer. Je n’aime pas ça, parce que c’est comme si je t’avais dit quelque chose de méchant. Pourtant, je ne me souviens pas l’avoir fait… Ou alors, c’est à cause de la claque de la dernière fois ? Si je n’avais pas le gobelet, je pense que j’aurais caché mes deux mains derrière mon dos pour te montrer que, cette fois, je ne compte pas te taper. Je voudrais vraiment te montrer ma sincérité, mais je ne sais pas vraiment comment faire en l’état actuel des choses.

Je n’ai pas encore trouvé de solution, je n’ai même pas réussi à commencer la moindre recherche, que tu prends les devants. Je me sens totalement démuni en te voyant incliné devant moi, mais profondément heureux que tu me donnes ton nom. Encore plus quand tu dis être enchanté de me rencontrer.



Mon sourire est radieux. Mais je me reprends assez rapidement en me rappelant l’état de ta gorge. Alors je te tends le gobelet que j’ai en main.



J’espère vraiment que tu peux voir toute ma bonne volonté pour toi. Ou, au moins, que tu es content de ne pas être seul alors que tu es malade. Je sais ce que c’est et ce n’est pas du tout agréable. C’est comme si on était seul au monde, dans un silence lourd, sans rien pouvoir faire d’autre que rester dans un lit chaud et confortable. Tu sais, le médecin dit que c’est parce qu’il me faut beaucoup de repos et que personne n’attrape ma maladie, mais c’est quand même beaucoup plus agréable quand on est avec quelqu’un !

D’ailleurs, en parlant de lui, je pense qu’il est arrivé. Sinon, pourquoi toquerait-on à la porte ? Je me lève doucement et vais ouvrir. Oui, il est là et je lui souris. Il est surpris et je lui explique que je l’ai appelé pour toi, mon nouvel ami. Je lui explique alors qu’il s’approche de toi que tu as de la fièvre et que tu es blessé aussi. Il me réprimande parce que je ne devrais pas rester à côté de toi. Je râle :





Silencieux, je te regarde dans l’espoir que tu demandes à ce que je reste à tes côtés. Après tout, je suis là pour toi. Je peux veiller sur toi. Je peux t’aider. Ce n’est pas grave pour mes poumons ! Je peux le faire. Je ne veux pas te laisser seul comme je le suis tout le temps… Je veux le faire pour toi…