Date : 19 novembre de la 1ère année de l’ère Shjiànguó, à Human

J’ai froid…
J’ai mal aussi…
Je ne me sens pas bien depuis que ce garçon bizarre a enlevé la flèche de ma cheville. Parce que je suis parti ? Mais je ne pouvais pas rester. Je ne pouvais pas… J’ai peur de rester longtemps au même endroit. A chaque fois on me trouve et après… après…
Rien que penser à ceux qui m’ont fait du mal alors que je n’ai absolument rien fait m’énerve. J’avais déjà du mal à dormir sur cette montagne de foin, mais là c’est devenu tout simplement impossible. Même si ma vue n’est pas totalement nette et que je me sens pas bien du tout, le sommeil n’est plus du tout là. Je n’aime pas ça du tout. En plus de ça, la douleur est revenue et je déteste sentir la douleur. Qu’elle soit grande ou petite, peu importe. Je déteste ça. Ça me rappelle trop le village et j’ai peur qu’on recommence à me faire comme quand j’étais là-bas. Après tout, mes cheveux blancs ne sont pas aimés et il y a mon visage partout avec des signes que je ne comprends pas du tout. D’ailleurs, je crois qu’il y en a plus qu’avant… Je ne sais pas compter, mais j’ai appris à me rendre compte de ce genre de choses pour me protéger. Quand il y en a “beaucoup” c’est que je ne peux pas gérer et qu’il faut que je trouve une autre solution. Si c’est le contraire, alors je peux faire ce que je voulais. Ce n’est pas facile, surtout au début, mais après, avec l’habitude et l’expérience, ça va.

Doucement, je me relève. J’ai l’impression que tout tourne autour de moi. Je n’aime pas ça. Ce n’est pas normal. Je le sais parce que ça m’a beaucoup empêché de marcher. Ma cheville aussi m’a empêché de marcher comme avant parce qu’elle me fait trop mal quand je m’appuie dessus. Il fait froid aussi… Je déteste le froid. Je déteste cette période dans l’année. A tous les coups, il va bientôt neiger et je vais encore être très malade. Il va falloir que je trouve un endroit où aller pour quand ça arrivera. Mais où aller ? Là je suis juste aux remparts d’un village dans lequel je n’ose pas rentrer. Le tas de paille a été posé là et m’a permis de ne pas avoir trop froid cette nuit, mais je ne peux pas toujours rester. La personne qui l’a mis là va vouloir le reprendre et il va me faire mal s’il me voit. Ah… et je n’ai toujours pas réussi à enlever les tâches rouges sur mon manteau blanc… Comment je peux faire ? L’eau est froide en ce moment, alors laisser mes mains longtemps dedans me fait mal. Et j’ai beau frotter, tout ce que j’arrive à faire c’est m’arracher la peau…
Je soupire encore et encore en pensant à tout ça et en me levant. J’essaie de ne pas faire de bruit parce que je ne sais pas ce qu’on fera quand on me verra. Puis, je mets ma capuche sur ma tête pour me cacher. Est-ce que je peux traverser le village ? Le soleil est levé, mais pas depuis longtemps. Je peux entendre quelques voix, mais elles ne semblent pas fortes. Soit c’est parce qu’elles sont loin, soit c’est parce qu’elles sont basses pour ne pas déranger les autres. Je ne peux pas savoir sans regarder. Oui, mais si on me voit ? Je ne pourrais pas courir… Il y a un cimetière pas loin, alors peut-être…

Je prends mon courage à deux mains avant de passer ma tête doucement dans l’encadrement de la porte en restant appuyé sur le bois du rempart. Il y a beaucoup de monde, mais ils sont plus loin, c’est pour ça que je ne les entends pas fort. Enfin, je crois ? Comme je ne vois pas bien, je crois que c’est possible que je n’entende pas bien non plus. Je ne sais pas quoi faire. Je devrais peut-être contourner. Mais ce serait bien si j’arrivais à trouver un peu d’argent pour avoir quelque chose à manger, comme la dernière fois. Ca serait bien pour que je n’ai plus froid, même si ce n’est pas pour très longtemps.